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Page:César - Au moulin de la mort, 1892.djvu/129

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chaîne, je vous emmènerai dans un autre monde où vous aurez joie et bonheur. Parlez, personne ne peut nous entendre, le secret de notre cœur ranimera notre courage et je vous le promets, je vous le jure, si vous avez confiance, vous serez heureuse avec moi.

Yvonnette, la tête penchée en avant, les paupières à demi closes, n’ayant pour tout vêtement qu’un misérable jupon noué négligemment autour de sa taille, mais sans crainte, nullement effarouchée en sa pudeur de vierge ; Yvonnette, grisée par ces paroles, ne répondit d’abord pas à la question de Maurice. Il lui semblait que ces mots d’amour, que cette passion brusquement révélée, ouvrait à ses regards éperdus une terre nouvelle semée de fleurs épanouies et où elle allait marcher désormais, légère comme une libellule et toujours bercée par la musique chantante d’une voix humaine qui l’emplissait d’émotions et d’un trouble délicieux. Cependant, elle regarda son grand ami et lui dit, les lèvres frémissantes :

— Maurice, moi de même je vous aime bien, du moins si c’est aimer que de penser toujours à vous. Oui, je veux m’en aller avec vous, je veux vivre avec vous, tout de suite