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Page:César - Au moulin de la mort, 1892.djvu/133

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fait une telle idée. M. Viennot a été très content. Il est franc comme l’or, cet homme, et, avec cela, généreux et juste. Si nous pouvions continuer ainsi, une année ou deux et avec la même chance, nons aurions presque de petites fortunes. Au commencement, l’affaire ne m’allait qu’à demi ; mais, à la longue, j’y ai pris goût, et, le printemps arrivé, je m’y remettrai volontiers. Et toi ?

— Moi ? Que ferais-je d’autre ? Une fois qu’on a mordu à cette vie endiablée, il est très difficile d’y renoncer.

— Pas même ! Cet hiver, j’ai travaillé et je travaille encore à l’établi, comme si je ne l’avais pas quitté.

— Oh ! de toi, ça ne m’étonne pas ! Tu suis la voie que tu te traces, coûte que coûte, sans regarder ni à droite ni à gauche.

— C’est ce qu’il faut, mon cher. Notre volonté commande, nous devons savoir obéir. On ne le regrette jamais, même devant l’insuccès. En tout cas, tu restes à mes côtés, c’est ce que je désirais. Nous deux, nous nous entendrons toujours. Et on est plus sûr de soi, on se sent plus heureux, moins seul en ce monde quand on peut compter sur le dévouement d’un ami. Je n’en disconviens pas : nos