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Page:César - Au moulin de la mort, 1892.djvu/137

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en mesure de m’établir, si rien d’imprévu n’arrive, si je suis forcé d’abandonner la tâche de retrouver mon père. Une fois marié, je me remets au travail comme horloger. C’est une existence d’homme heureux, tout bonnement, que je rêve à côté de cette jeune fille qui, sans le vouloir peut-être, a pris toute mon âme. Ah ! quelle joie eût été la mienne si j’avais pu conduire Yvonnette dans le château de mes pères ! Car, et c’est en cela que je reconnais la profondeur du sentiment qu’elle m’a inspiré, lors même que je serais ou que je deviendrais tout à coup très riche, je ne la délaisserais pas.

— Maurice, je souhaite que tes vœux s’accomplissent.

Mais, voici que nous approchons du Doubs. Le chemin est glissant et un peu d’attention ne nous gênera nullement. Et si, par hasard, nous ne voyons pas Yvonnette ?

— Alors, notre promenade sera manquée.

On dit qu’il y a un dieu pour les amoureux. Maurice en fit de nouveau l’expérience. Jean Gaudat et son fils n’étaient pas à la maison. Partis depuis le matin, ils ne devaient rentrer que le soir. Même la vieille Catherine, malade, n’avait pu se lever. C’est donc