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Page:César - Au moulin de la mort, 1892.djvu/138

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Yvonnette qui reçut les deux jeunes gens et leur servit le vin qu’ils avaient commandé.

— Ah ! que j’ai plaisir à vous voir ! fit-elle, en revenant de la cave. Avez-vous pensé à moi ?

— Mais, assurément ! répondit Maurice. Notre présence ici n’en est-elle pas la meilleure preuve ? Si je vous avais oubliée, je ne serais pas venu, avec mon ami, dans l’unique désir de m’assurer que vous êtes toujours en bonne santé. Il me semble que, depuis notre dernier voyage, un siècle s’est écoulé, et il n’y a guère que deux mois.

— Je m’ennuyais aussi de vous. À tout instant, je me demandais : Que fait-il ? Où est-il ? M’aime-t-il encore ? Et j’étais inquiète, n’ayant aucune nouvelle. J’ai été sur le point de partir, d’aller à la montagne ; mais à quelle porte frapper, là-haut ?

Et, tandis qu’Emile Brossard feuilletait un almanach, à l’extrémité de la table où il s’était retiré, Maurice et Yvonnette, tout à leur amour, parlèrent à voix basse, se contant mille riens charmants, de ces choses qui font toute la vie à cet âge. Elle, pendant ces longs mois d’hiver, était occupée à la cuisine, rarement dans la salle d’auberge, peu de monde des-