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Page:César - Au moulin de la mort, 1892.djvu/140

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pelant les paroles de son ami : « Un jour, j’espère même sous peu, l’année prochaine, je vous emmènerai dans un autre monde où vous aurez joie et bonheur ». Il lui avait dit cela, Maurice, et elle le croyait, attendant l’accomplissement de cette promesse comme le prisonnier attend sa délivrance. Et cette année prchaine était là ; elle serait bientôt emmenée loin de cette vallée, où elle n’avait eu aucun plaisir, si ce n’était le plaisir de l’avoir rencontré, lui, ce très cher Maurice. Et sa voix, en chuchotant ces choses, avait une douceur infinie, pendant que ses yeux, aux longues paupières frangées de cils bruns, le regardaient tendrement, montrant, dans toute sa candide beauté, l’âme de cette jeune fille.

Subjugué par le charme pénétrant qui se dégageait d’Yvonnette, Maurice ne se lassait pas de l’écouter. Qu’il aimait donc la belle enfant ! Et sa sympathie avait la pureté du rayon de soleil, aux levers d’aurores. Tel le premier amour qui a dû mettre dans les bras l’un de l’autre le premier couple terrestre ! S’unir pour toute une vie, mêler ensemble leurs espoirs juvéniles, l’éternel désir de se répéter les mêmes mots et les mêmes choses, sans lassitude aucune, ils ressentaient tout cela et