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Page:César - Au moulin de la mort, 1892.djvu/160

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à ces pensées enivrantes, le jeune homme sent son cœur battre plus vite, le sang lui monter aux joues et des tendresses de rêve flotter sur ses lèvres. Ah ! chère Yvonnette, quel saint et puissant amour tu as inspiré à ton grand ami ! Il sera fidèle à sa parole, te fera un nid bien doux dans sa demeure et…

— Qui êtes-vous ? Halte ! Ces quatre mots retentirent aux oreilles de Maurice comme un éclat de foudre. Mais, ne perdant pas deux secondes et comprenant instantanément la gravité de la sommation, il jeta le signal convenu et disparut en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, dans le bosquet qu’il longeait. Les douaniers — il y en avait deux — en furent d’abord pour leurs recherches. Ils ne trouvèrent rien. Mais, l’un d’eux, soupçonnant que « l’homme » ne resterait pas dans le fourré, ordonna à l’autre de se porter au coin du bois, pendant qu’il en ferait le tour. Les contrebandiers, au signal du chef, s’étaient dispersés et avaient rebroussé chemin dans la forêt qu’ils venaient de quitter.

Du milieu du bosquet, Maurice avait entendu la voix des gabelous. Très doucement, il grimpa sur un arbre et se tint coi. Il jeta