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Page:César - Au moulin de la mort, 1892.djvu/167

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— Maintenant, je me souviens, s’exclama Pierre Logerot ; oui, c’est bien cela. Au printemps de 1791, je ne me rappelle ni le mois ni le jour, mais c’était vers neuf ou dix heures du soir, au moment où j’allais me coucher, j’entendis quelqu’un devant ma porte. J’ouvris, et un homme de haute stature se précipita dans le corridor, comme vous l’avez fait cette nuit. « Je suis poursuivi, dit-il, d’une voix pareille à la vôtre. Une bande de paysans armés est sur mes talons. Protégez-moi, je suis Français comme vous. Forcé de m’expatrier, je vais rejoindre les miens qui sont de l’autre côté du Doubs, dans les Franches-Montagnes. »

Je le cachai où nous sommes et les paysans s’en retournèrent. Cet homme, c’était votre père. La ressemblance est si frappante que je n’en saurais plus douter.

— Enfin ! J’entends parler de mon père, murmura le fils du comte de Laroche. Continuez ! Continuez !

— Mais, je ne sais rien d’autre. S’étant reposé, environ pendant une heure, il repartait seul, dans la nuit. Il était attendu sur le Doubs. Il lui fallait traverser la rivière avant le jour. Et c’est tout.