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Page:César - Au moulin de la mort, 1892.djvu/166

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— Mon âge ? Vingt-sept ans et quelques mois.

— Vingt-sept ans et quelques mois ! répéta le vieillard. Et pourtant je connais ce visage.

Maurice, qui saisit ces paroles, répliqua vivement :

— On affirme que je ressemble à mon père.

— Et où est-il, votre père ?

— Je l’ignore.

— Comment ? Vous l’ignorez ?

— C’est-à-dire, je ne l’ai jamais connu. J’avais six mois lorsque je l’ai vu, lorsque j’ai dû le voir pour la dernière fois. C’était en juin 1791. Pourquoi n’aurais-je pas confiance en vous, après le service que vous venez de me rendre ?

— Parlez ! Parlez !

Alors, Maurice, comme poussé par un vague pressentiment, narra en quelques phrases l’histoire de sa famille, leur émigration, la disparition de son père et la mort de sa mère. Il dit aussi le but qu’il s’était proposé en se mettant à la tête d’une troupe de contrebandiers.