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Page:César - Au moulin de la mort, 1892.djvu/178

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À la Verrerie, il fallut descendre à terre, à cause de l’écluse, qui interrompt la navigation. Mais, immédiatement au-dessous, papa Misel, de la rive française, vint les prendre dans le meilleur de ses bateaux, et après avoir trinqué ensemble chez lui, la joyeuse troupe se dirigea vers la Goule, éloignée d’une demi-lieue.

Le soleil dardait ses plus chauds rayons à la surface de l’eau, qui a, sur tout ce parcours, une immobilité d’océan. La vallée, à partir de la Verrerie, s’élargit quelque peu. On ne voit plus de hauts rochers comme aux Echelles ; les pentes sont boisées, de belles forêts les couvrent de leur dôme de feuillage. Plus de bords abrupts : des prés s’étendent le long de la rivière, qui semble dormir, fatiguée peut-être de la course désordonnée de sa partie supérieure.

C’est que le Doubs, « la rivière sombre, profonde et dangereuse », a déjà fait une longue étape, de sa source à l’endroit où se trouvaient nos promeneurs. Venant « du Jura central, il coule d’abord dans la direction du nord-est, forme, aux Brenets, le Saut du Doubs, de vingt-sept mètres de hauteur », salue, en passant, la coquette villa des Son-