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Page:César - Au moulin de la mort, 1892.djvu/177

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premier coup d’œil, est entré comme un triomphateur dans son existence.

Après avoir traversé le Doubs, les jeunes gens prirent un sentier qui suit la rivière jusqu’à un groupe de maisons que l’on appelle la Charbonnière. Ici, ils s’arrêtèrent. Ali Gaudat, qui connaissait les habitants de l’endroit, obtint facilement une barque pour continuer la promenade.

Le trajet, de la Charbonnière à la Verrerie, se fait encore aujourd’hui par le Doubs. Les sites qui encadrent la profonde vallée attirent tour à tour les yeux. Yvonnette surtout ne se rassasiait pas d’admirer ni d’interroger. Elle voulait qu’on lui expliquât tout et elle s’étonnait de tout. Elle s’imaginait voyager dans un monde nouveau, après avoir oublié les misères du passé. Ah ! quelles actions de grâces, de son âme d’enfant, montaient à ses lèvres pour remercier Maurice de l’aimer ainsi ! Oui, à la vie et à la mort ! répétait-elle, tout bas, ne pensant qu’à lui. Elle lui resterait fidèle, éternellement, même s’il la repoussait. De loin comme de près, elle lui appartenait désormais. Il y a de ces sublimes affections dans les cœurs vierges de vaillantes jeunes filles !