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Page:César - Au moulin de la mort, 1892.djvu/187

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Nous n’essaierons pas de peindre le trouble, le désarroi moral qui s’était emparé de Maurice Delaroche à la vue du portrait de sa mère. Les lecteurs se figurent aisément quel effet dut produire ce médaillon trouvé par hasard entre les mains d’Yvonnette, ou mieux, suspendu à son cou. Tout un monde de suppositions, plus folles, plus terribles les unes que les autres, s’épanouit subitement dans son cerveau. La conclusion la plus naturelle fut que son père, ayant avec lui des bijoux de famille lors de son passage aux Echelles, avait été assassiné par les Gaudat. Quoi qu’il en eût, et en dépit de la mauvaise opinion qu’il avait de l’aubergiste, le coup était brutal.

Jusqu’à la maison, le jeune homme ne prononça que de rares paroles, se bornant à répondre brièvement aux questions que les contrebandiers lui adressaient. Il songeait toujours à l’étonnante découverte, qui revêtait dans sa pensée la forme d’un affreux cauchemar. Vivait-il ou rêvait-il ? Et il se rappelait son entretien avec celle qu’il ai-