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Page:César - Au moulin de la mort, 1892.djvu/186

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— Pas un mot de ce médaillon, ni à votre mère, ni à personne. Il faut que je vous voie : je ferai ensorte que nous passions à l’auberge l’une de ces prochaines nuits. Donc, jusque là, silence.

Et il invita ses compagnons à s’asseoir. Ali Gaudat avait l’air maussade. La disparition de Maurice et d’Yvonnette l’avait contrarié. Mais, que faire ? Emile Brossard, fidèle à la consigne, avait promené la troupe autour de la chapelle du Bief d’Etoz.

Une heure après, la barque remontait contre la Verrerie, traçant un léger sillon dans l’immobilité de l’eau. Maurice s’était mis à ramer, avec Ali, afin de n’éveiller aucun soupçon dans l’esprit du fils de Jean Gaudat, dont il avait remarqué l’allure indécise et les regards qu’il leur avait jetés, à lui et à Yvonnette, durant toute la promenade.

Et le soleil, insensible aux prières des malheureux humains, tombait déjà derrière les collines franc-comtoises, laissant dans les airs comme une clarté de métal en fusion. On ne voyait au ciel pas le moindre petit nuage pour porter aux pieds de la Vierge les vœux ardents des pèlerins qui venaient de quitter la chapelle du Bief d’Etoz.