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Page:César - Au moulin de la mort, 1892.djvu/192

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Maurice, profitant du moment, reprit le chemin qui l’avait déjà conduit une fois auprès d’Yvonnette.

La jeune fille était à la fenêtre. L’entrée de la troupe dans la maison l’avait réveillée. Elle savait que son grand ami devait venir. Et c’était si agréable par cette nuit claire, quoique sans lune, sous un ciel tout piqué d’étoiles d’or, de regarder couler l’eau du Doubs, qui chantait sa mélopée toujours la même. Où s’en allaient-ils, ces petits flots argentés, qui glissaient sur les gros cailloux, en murmurant des choses qu’Yvonnette ne comprenait pas ? Un jour, ne partirait-elle pas aussi, heureuse d’abandonner ces lieux où elle n’avait aucune joie ? Et elle espérait vaguement qu’une heure décisive de son existence approchait, heure qui marquerait l’aurore d’un bonheur infini.

Cependant, Maurice lui avait conté l’histoire de sa famille. Que de fois déjà, le pauvre garçon avait été obligé de refaire cette marche en arrière ! Il montra ensuite à celle qu’il aimait le médaillon qui provenait de l’héritage maternel, lui conseillant d’en parler à sa mère et d’observer attentivement les réponses qu’elle donnerait. Il n’osa lui dire les