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Page:César - Au moulin de la mort, 1892.djvu/197

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reproches. Car vous conviendrez que cela a dû me surprendre beaucoup de porter à mon cou le portrait d’une femme qui ne m’est rien, de la mère de M. Maurice. Aussi je me propose de le lui restituer. Ce souvenir a plus de valeur pour lui que pour moi.

— Fais comme tu voudras et laisse-moi.

Yvonnette obéit, l’esprit troublé. Tout un monde de pensées diverses, étranges, tourbillonnait dans sa jolie tête. Elle essayait aussi de déchiffrer l’énigme qui l’enveloppait et se heurtait à l’impossible. Quant à Catherine, elle n’était pas moins agitée : tout le passé se redressait brusquement devant elle, évoqué par ces deux visages de jeunes femmes qu’Yvonnette avait placés sous ses yeux.

Ah ! oui, le passé ! Comme il poursuit, tourmente et étreint ceux des humains dont la conscience ne trouve plus de repos ! Et la vieille Catherine était de ce nombre, un nombre toujours grand au sein de notre pauvre société. Elle voyait toutes les années de sa vie se dérouler sous ses regards épeurés, années de misères et de hontes, coulées tristement dans cette grande solitude du Doubs. Voici d’abord le premier crime, qui l’avait surprise, emportée dans la voie fatale : le comte était