Aller au contenu

Page:César - Au moulin de la mort, 1892.djvu/203

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 197 —

— Pas par un crime ! objecta la mère, cette seule idée la bouleversant.

— Qui parle de crime ? continua le fils. Personne. Depuis longtemps, je n’en suis plus à ignorer qu’Yvonnette n’est pas ma sœur. Elle est trop belle, trop fine et trop pure pour être de notre famille. Or, puisqu’elle n’est pas ma sœur, j’ai bien le droit de l’aimer, n’est-ce pas ? à ma manière. Par contre, je déteste l’autre, ce Maurice, que le démon emporte ! Je sais qu’Yvonnette ne pense qu’à lui, n’est heureuse qu’avec lui, et que, pour lui encore, elle serait prête à se jeter dans le Doubs. Cela me fait enrager, une rage sourde d’homme dédaigné. Maintenant, tant qu’il viendra ici, Yvonnette ne s’appartiendra plus. Aussi, je veux qu’il disparaisse, non pas que j’espère un revirement subit chez celle que je désire, mais pour me venger de ce que je souffre et pour qu’ils ne se voient plus. Enfin… mais, à quoi bon insister ? Je ne suis pas pour rien de votre sang. Bon chien chasse de race. Pourquoi vous le cacherais-je ? Je vous ai souvent écoutés et observés, la mère en particulier, lorsqu’elle craignait les revenants, ceux qui ne sont plus et ne reviennent jamais. Je m’en vais donc achever votre œuvre. Au-