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Page:César - Au moulin de la mort, 1892.djvu/206

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ture, des fleurs qui s’épanouissaient au milieu de terrains sales et empestés ? Chez l’homme, il n’en était pas autrement : à côté du crime souvent marche l’innocence, ignorant que la main qu’elle tient dans la sienne, est toute maculée de sang.

Aussi était-il impatient de savoir ce que la vieille Catherine avait répondu aux questions d’Yvonnette. Les choses n’allaient toutefois pas comme il l’eût voulu. Maurice dut faire deux expéditions dans la direction de Morteau, jusqu’en la vallée de la Loue, non loin de Besançon. Ce n’est donc que trois ou quatre semaines après sa dernière entrevue avec Yvonnette, qu’il put reprendre, suivi de ses contrebandiers, le chemin du Cerneux-Godat et du moulin du Doubs. Le temps, depuis le pèlerinage à la chapelle du Bief d’Etoz, s’était mis à la pluie. Autant le ciel avait été clair, tout ruisselant de lumière et d’azur, autant il était maintenant sombre et chargé de nuages.

Le Doubs était fort, mais, n’importe ! Au surplus, le passage par Biaufond ou la Maison Monsieur devenait de plus en plus dangereux : ces endroits, du côté de France, étaient à présent peuplés de douaniers.

La nuit était noire comme sur les bords de