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Page:César - Au moulin de la mort, 1892.djvu/21

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c’est un homme de courage et de sang-froid, et il ne redoute pas une course de nuit. Voilà ! Nous pouvons compter sur vous ?

Jean Gaudat écoutait avec la plus grande attention les paroles du vieux serviteur. À mesure que celui-ci avançait dans ses explications, tout un plan germait insensiblement dans la tête de l’aubergiste. Ce comte, qui allait arriver chez lui, serait à coup sûr porteur d’une assez forte somme d’argent ; de plus, il voyagerait seul, sans compagnon de route. S’il disparaissait d’une manière ou d’une autre, on ne le saurait certainement jamais. Il ne fallait que s’y prendre adroitement. Qui soupçonnerait Jean Gaudat ? S’il ne jouissait pas d’une très bonne réputation, on ne l’avait cependant pas mis au ban des honnêtes gens. Et puis, comme la vallée du Doubs, et, en particulier, sa maison bâtie sur la rivière, se prêtaient à une « opération » de ce genre ! Un trou au fond de la cave, et tout serait dit. L’eau rongerait le squelette plus facilement qu’elle ne rongeait les cailloux du bord…

— Mais oui ! répondit-il à la question de Pierre. Vous pouvez compter sur moi. J’attendrai M. le comte de Laroche au som-