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Page:César - Au moulin de la mort, 1892.djvu/217

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sentiment de haine qu’il avait éprouvé pour Maurice, dès que l’amour d’Yvonnette lui avait dessillé les yeux. Il était toutefois presque certain du succès, si son tempérament, son caractère emporté ne lui jouait pas quelque mauvais tour.

Yvonnette était assise sur un banc de pierre, non loin de l’endroit où elle avait rencontré son grand ami. Devant elle, là-bas, le Doubs grondait, amoncelant ses flots blancs d’écume qui se pressaient les uns sur les autres dans une course folle. Le soleil brillait par intervalles, mettant sur les choses son poudroiement de lumière et de chaleur. Des nuages très élevés traversaient d’une rive à l’autre, des vols de pigeons sauvages fendaient les airs. Et Yvonnette semblait rêver, un beau rêve d’or qui lui ouvrait les portes d’une vie d’ivresses et de bonheur.

Puis, son esprit, redescendant sur la terre, était de nouveau tourmenté à propos de l’entretien qu’elle avait eu avec sa mère. Elles n’avaient plus jamais repris ce sujet. Pourquoi celle à qui elle croyait devoir le jour s’était-elle donc troublée, quand elle, Yvonnette, avait prononcé le nom de Delaroche ? Et ce cri : La dame noire ! qu’est-ce que tout