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Page:César - Au moulin de la mort, 1892.djvu/227

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une sorte de désespérance s’emparant de ses facultés morales, elle s’assit de nouveau sur le banc de pierre et songea. Le Doubs, comme si les peines des humains ne le touchaient pas, bondissait continuellement entre ses deux bords plantés d’arbres séculaires ou taillés par les eaux dans la masse vive du rocher même. Ah ! ces vagues qui roulaient dans un lointain inconnu, que n’emportaient-elles, dans leur plissement onduleux, la pauvre Yvonnette qui pleurait maintenant l’éloignement, peut-être la perte de son grand ami, n’osant plus ajouter foi à l’existence de bonheur qu’elle avait rêvée, la tête appuyée sur l’épaule de son cher Maurice.


XIII


Dans un cabaret perché au sommet de la côte suisse, entre la Ferrière et les Bois, une douzaine d’hommes sont réunis et parlent avec animation. Ils se sont donné rendez-vous au Clos des Vieux-Sapins pour s’entendre sur leur situation et sur celle de leur chef, Maurice Delaroche. M. Viennot, le commanditaire de la troupe, est avec eux. Quelques jours se sont écoulés depuis que les contre-