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Page:César - Au moulin de la mort, 1892.djvu/226

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me tourmente plus. Je le répète une dernière fois : j’ai donné mon cœur à Maurice, il a ma parole, j’ai la sienne. Aucune force humaine ne me fera rompre ma promesse.

— C’est ce que nous verrons, murmura sourdement le fils de Jean Gaudat. Dès ce jour, je te conseille de t’habituer à l’idée qu’un jour ou l’autre tu devras m’appartenir.

Ah ! tu t’imagines qu’il suffit de dire que tu aimes quelqu’un pour qu’aussitôt je renonce à mon projet ! Je n’en suis pas encore là, heureusement. Et tu me connais bien mal, si tu crois cela de moi. Mais apprends donc que j’ai pour toi la passion la plus vive, que je t’aime à en devenir fou et que, pour t’avoir, je serais capable de tout, oui, même d’un crime. Nous n’irons pas jusque-là, tu ne le voudrais pas et, pour vivre en paix, tu donneras bien ton consentement à notre union.

Je te laisse, Yvonnette. Pèse mes paroles : tu seras à moi ou tu ne seras à personne.

Et, ayant jeté cette menace à la jeune fille, qui, à vrai dire, était calme et moins agitée que lui, Ali Gaudat redescendit vers leur maison. Yvonnette, d’abord immobile, le regarda s’en aller, puis la réaction se produisit et