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Page:César - Au moulin de la mort, 1892.djvu/241

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— Voyons ! Pas de détours ! L’un des gabelous me l’a formellement déclaré. Avoue, sinon on te jette au Doubs. Ecoute, comme il mugit. Il te roulera ainsi qu’un caillou, et tu iras te briser la tête contre les rochers, là-bas, un peu en dessous de l’endroit où les douaniers m’ont arrêté.

— Je n’ai rien à avouer.

— C’est bien ! Poussez-le dans un coin et laissez-le.

Alors, se tournant vers le père :

— Et toi, Jean Gaudat ! Est-ce que ta conscience, qui doit être plus noire que celle du diable, ne te crie aucun remords ? Parle ! Rappelle tes souvenirs !

— Je ne sais pas ce que tu veux de moi ! répliqua l’aubergiste, plus mort que vif. C’est mon fils qui a eu l’idée du coup. Je m’y suis opposé, mais inutilement.

À ces mots, on entendit une malédiction dans le coin où l’on avait relégué Ali Gaudat.

— Ah ! ah ! nous y voici ! s’écria Maurice. Il ne m’avait donc pas trompé, l’honnête gabelou ! Si jamais je le rencontre, je le remercierai du service qu’il m’a rendu, qu’il nous a rendu à tous.

Mais il ne s’agit plus de cela. La trahison de ton fils est un jeu d’enfant, comparée au