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Page:César - Au moulin de la mort, 1892.djvu/30

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— Ça, non ! car je suis extrêmement las…

La chambre que l’aubergiste avait réservée à Philippe de Laroche était située sur le derrière de la maison, au-dessus de l’eau qui passait avec son éternel mugissement d’ondes en colère. C’était une petite pièce sombre, à deux fenêtres ouvrant sur le Doubs. À l’aspect de ce réduit, le comte ne put vaincre un frisson qui le secoua des pieds à la tête. Il fut sur le point de rebrousser chemin ; mais une fatigue si lourde l’oppressait qu’il n’obéit pas à ce premier mouvement. Il aurait eu honte, d’ailleurs, de céder à une terreur imaginaire. Le comte se jeta donc sur le lit qui se trouvait là et dont les draps étaient d’une blancheur irréprochable. Au fond, ce fut peut-être cette dernière raison qui le détermina.

Hélas ! pourquoi ne suivit-il pas sa première impulsion ! Si, fort comme il l’était, il avait lutté contre la grande lassitude qui le terrassait, il eût très probablement rejoint sans trop de difficultés sa femme et son enfant. Mais bientôt un sommeil de plomb s’empara de tout son être. Le Doubs, de sa voix puissante et monotone, essaya vainement de le tenir éveillé ; un doux visage, à la beauté