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Page:César - Au moulin de la mort, 1892.djvu/37

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s’est rendu au sommet des Echelles pour attendre M. de Laroche. Ce dernier, malheureusement, n’y est pas venu. S’est-il seulement égaré ? Dans ce cas, le lendemain il n’eût pas manqué de retrouver son chemin. Ou bien, triste supposition, mais que son silence justifie, a-t-il été assailli en route et, seul contre plusieurs, aurait-il succombé au nombre ? Ou encore, car il devait avoir de l’argent sur lui, vos bijoux de famille, du moins en partie, ces richesses ont-elles peut-être tenté la cupidité d’un voleur ? Comme vous le voyez, tout est possible, crime ou accident. On ne voyage pas en sûreté, la défiance règne partout et il faut bien se garder de compter sur son voisin. Ce Jean Gaudat, par exemple, m’a de nouveau fait une détestable impression. À ma vue, j’ai cru remarquer dans les traits de son visage comme un mouvement de frayeur. Mais je me serai trompé, sans doute !

Les campagnes sont profondément agitées. On dit que la France aura toute l’Europe sur les bras. Les nobles qui fuient à l’étranger sont déclarés ennemis de la patrie. On confisque leurs biens, et les paysans brûlent leurs châteaux, comme s’ils voulaient faire dispa-