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Page:César - Au moulin de la mort, 1892.djvu/49

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peut-être quelque chose. Ah ! si seulement, fidèle à la tradition de sa famille qui a toujours été, de père en fils, dévouée à la maison de Laroche, il avait réussi à sauver quelques bribes du patrimoine qui devait te revenir ! Mourir avec cette certitude n’eût pas été si pénible pour moi.

Mais, ton père, qu’est-il devenu ? Voici vingt-cinq ans que j’ai vainement essayé d’approfondir ce mystère. Cette disparition, aujourd’hui comme au lendemain de notre arrivée dans ce pays, demeure inexplicable. On se perd en conjectures. J’avais espéré, contre toute raison, qu’il reparaîtrait un jour inopinément devant mes yeux.

Non, cette fois, je ne puis plus caresser l’illusion de le revoir. S’il eût été encore parmi les vivants, il nous eût donné de ses nouvelles, il n’aurait oublié ni sa femme ni son enfant. Mais, alors, comment est-il mort ? A-t-il été assassiné ? Par qui ? Où ? Autant de questions qu’il faut laisser sans réponse. Le chemin que nous avons pris pour venir ici, qu’il a dû suivre, favorisait un crime. Les Echelles, le Doubs mugissant dans le fond de la vallée, cette nuit sombre et l’aubergiste qui nous reçut, là-bas, il me semble que je vois