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Page:César - Au moulin de la mort, 1892.djvu/56

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Bernois : Faites comme les autres ! En avant, marche !

Il possédait une jolie propriété, avec une grande ferme, qu’il ne cultivait pas lui-même. Il l’avait louée à l’une de ces familles d’anabaptistes qui, depuis la fin du seizième siècle, sont venus s’établir sur les hauts plateaux de l’ancien Évêché. La fortune de M. Viennot n’était pas considérable. Au surplus, il avait des moments de gêne et des heures d’abondance. La plupart du temps, on ignorait où il était. Il disparaissait tout à coup, et ce n’est qu’au bout d’une semaine ou deux qu’il se montrait de nouveau, invariablement gai. Quelques-uns prononçaient tout bas le mot de contrebande.

Nous saurons encore mieux à quoi nous en tenir sur son genre de vie si nous prêtons une oreille attentive aux paroles qu’échangèrent M. Viennot et Maurice, lorsque celui-ci eut offert un siège à son visiteur.

— Quel âge as-tu, mon garçon ? venait de dire M. Viennot, avec sa brusquerie ordinaire, dont on ne pouvait se sentir froissé, corrigée qu’elle était par la chaude sympathie qu’exprimait sa voix nette et franche.

— Moi ? répondit le jeune homme. Mais je