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Page:César - Au moulin de la mort, 1892.djvu/57

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dois avoir vingt-six ans et quelques mois, étant né en janvier 1791.

— Une fameuse année, celle-là !

— Je ne suis pas de cet avis.

— Oui, c’est vrai ! Vous avez dû quitter votre pays, fuir devant la Terreur, qui s’annonçait déjà. Mais, bast ! laissons cela. Je ne m’occupe pas de politique et j’ai à causer avec toi. Tu as perdu ta mère, une brave et sainte femme, pour laquelle j’avais infiniment de respect. Des mères comme celle-là, on ne les rencontre pas tous les jours. Je comprends ton chagrin. Toutefois on est sur cette terre pour vivre avec les vivants. Tu es un gaillard bien bâti, à chaux et à sable pour ainsi dire, et très intelligent, ce qui n’est pas une monnaie courante. Voici quelque temps que je t’observe ; j’ai cru remarquer que le travail ne te plaît que juste à point ; une existence plus active, un brin aventureuse, t’irait mieux. J’aurais ton affaire. Tu vois, je vais droit au but ; j’aime la netteté des situations.

— Et que voulez-vous de moi ? interrogea Maurice.

— D’abord, as-tu un projet quelconque ? Car j’admets que tu ne continueras pas ton