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Page:César - Au moulin de la mort, 1892.djvu/64

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aux endroits que je vous désignerai. As-tu bien saisi ma pensée ?

— Parfaitement.

— Et qu’en dis-tu ?

— Dame ! Le métier a quelque chose d’aventureux qui me séduit assez. Mais, dans la pratique, cette existence doit être hérissée de difficultés de toute sorte et de nombreux dangers.

— Ça, c’est vrai. Toutefois, je te le demande un peu : qu’est-ce que les désagréments de ce « métier, » comme tu appelles la contrebande, bien à tort, je t’assure, comparés à la satisfaction d’avoir fait dé beaux coups, prouesses que l’on raconte plus tard, non sans un légitime orgueil. Et les bénéfices, n’entrent-ils pas aussi en ligne de compte ? Pour moi, je ne vois pas de vie plus agréable. Je suis sans doute né contrebandier ; tel je resterai jusqu’à mon dernier soupir. On m’enterrera, ce qui ne m’étonnerait point, avec un ballot de marchandises. Je me trompe : avant de passer l’arme à gauche, comme disent les hommes qui l’ont vu, lui, l’empereur, je donnerai des ordres pour que l’on passe aussi mon âme en contrebande… en paradis.

Voyons, il faut que tu sois des nôtres.