Aller au contenu

Page:César - Au moulin de la mort, 1892.djvu/65

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 59 —

Chef de bande ! Un titre, ça ! C’est un peu dans ton sang. Puisque ta famille appartenait à la noblesse, tu n’auras pas à rougir de la position que je te fais. Tu connais ton histoire, assurément ; moi, je ne sais pas où j’ai appris toutes les choses qui grouillent dans ma tête. Mais, il me semble voir tes ancêtres, les premiers, ceux-là qui, à la suite d’un duc ou commandant quelconque, s’en allaient par les grandes routes, détroussant les châtelains féodaux qui refusaient d’ouvrir les portes de leurs castels. Car, entre nous, ils ne valaient pas beaucoup mieux que les contrebandiers, les soldats qui, après la conquête d’un pays et le massacre de ses habitants, se mettaient en lieu et place de ces derniers. Nous, nous ne leur allons pas à la cheville du pied. Et, pourtant, il y a bien aussi une certaine gloire à se moquer des lois établies dans le seul but de prélever l’argent dont les grands de la terre ont besoin pour leurs plaisirs.

C’est donc convenu. Tu pars pour Vercel, et, cômme tu nous reviendras sans avoir retrouvé la fortune de tes pères, à ton retour tu te mettras à la tête de la troupe que je vais te préparer. À bientôt.

Et, ces mots prononcés, M. Viennot tendit