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Page:César - Au moulin de la mort, 1892.djvu/69

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positions intimes de sa nature rêveuse et en même temps toute d’audace, l’entraînerait facilement et qu’il ne s’inquiéterait pas des aventures qui pourraient lui arriver. Aussi la proposition de M. Viennot était-elle venue au moment psychologique. À ses yeux, la contrebande n’était pas tout à fait l’art qu’avait tenté de lui dépeindre son visiteur. Néanmoins, c’était mieux que la lime et l’établi. Et il souriait aux difficultés qu’il entrevoyait, à ce rôle de chef de bande, à ces courses nocturnes, toutes grosses de dangers, à travers monts et vallées, campagnes noires et forêts profondes. Dix, quinze existences dépendraient peut-être de son sang-froid, de son intelligence, de sa mâle énergie. Et, à cette pensée, une légère bouffée d’orgueil, de vaillance personnelle envahissait son cerveau, modifiant ses idées et le décidant insensiblement à accepter l’offre qu’on lui avait faite.

Aussi le soir, lorsque Françoise lui servit le souper, dit-il à la vieille servante :

— Demain, de bon matin, je passe en France. Il faut que je visite le lieu de ma naissance, l’ancien domaine de mes pères. Je serai absent pendant quelques jours. N’aie donc aucune inquiétude. Les chemins