Aller au contenu

Page:César - Au moulin de la mort, 1892.djvu/83

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 77 —

y a bientôt trente ans que cette maudite rivière roule son bruit d’enfer dans ma tête. J’en ai le corps tout rompu. Ecoutez-moi donc ça ! Au commencement, oui, on s’y plaît ; mais ensuite, malgré l’accoutumance, voyez-vous, c’est à n’y plus tenir. Entrez, mon beau monsieur. Et toi, Yvonnette, qu’est-ce que tu fais là ? Va-t’en quérir nos hommes. Ils pêchent là-bas, près des rochers, au-dessus de la chute.

— Et que puis-je vous servir ? demanda la vieille Catherine, à la langue loquace, dès que Maurice eut pris place dans la chambre où s’était assise sa mère, vingt-six ans auparavant.

Un instant après, la femme de Jean Gaudat plaçait devant son hôte une bouteille de vin et un verre.

— Vous êtes des Franches-Montagnes ? reprenait-elle, poussée par une vive curiosité.

— Oui, et même j’ose bien vous dire pour quel motif je me trouve sur le Doubs, répondit Maurice, qui, avant de partir, avait décidé de taire son véritable nom et de garder le silence sur le but de son voyage. Je me rends en France pour des affaires de contrebande.

— Pas possible ! Tenez, voici mes hommes