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Page:César - Au moulin de la mort, 1892.djvu/93

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entendit les appels de Maurice. Elle courut avertir sa mère, qui vint, avec la barque, chercher le jeune homme.

On ne fut pas étonné de le revoir. Il était même attendu.

Dès qu’ils eurent franchi le seuil de l’auberge, la vieille Catherine dit à sa fille :

— Yvonnette, laisse-nous. Yvonnette s’éloigna. Toutefois, avant de quitter la chambre, elle jeta un long regard à Maurice. Il y avait beaucoup de choses dans ce regard, du moins elle avait eu la naïve intention d’y mettre tout ce que son petit cœur chantait depuis leur rencontre. La figure de celui qu’elle ne devait plus oublier s’était gravée très nettement dans son esprit, comme par une épreuve photographique les traits et les contours d’un visage s’impriment sur l’objectif. Même, de temps à autre, quand elle évoquait ce souvenir, elle s’imaginait, en sa belle simplicité, que Maurice était le représentant d’un monde inconnu où il avait mission de la conduire.

Elle avait bientôt dix-neuf ans. On eût dit que la nature s’était plu à la parer des grâces les plus délicates. Bien que soumise parfois à de grossiers travaux, son corps avait gardé