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Page:César - Au moulin de la mort, 1892.djvu/94

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une grande souplesse et sa taille était fine et élancée. D’un corsage d’indienne flottant encore sur la poitrine, sortait un col d’un galbe exquis, ambré par le soleil. La tête surtout attirait et captivait le regard. Elle rappelait l’une de ces figures de vitraux peintes par un vieux maître allemand. Toutes les lignes, tous les traits, toutes les teintes se fondaient dans une harmonie parfaite. Et les yeux avaient une expression à la fois si chaste et si hardie que l’on se demandait sans le vouloir à quelle impulsion elle obéirait, si elle devait prendre une résolution, à l’innocence ou au vice. Mais il suffisait de causer un instant avec Yvonnette pour deviner que son âme était aussi blanche que le lis qui vient de s’épanouir, frissonnant sous la brise matinale.

Les cheveux, d’un blond doré, un blond de blés mûrs, étaient abondants et tombaient en une longue tresse sur les épaules un peu maigres. Elle avait les mains et les pieds très petits et la démarche légèrement nonchalante, comme une personne qui a déjà travaillé. Allant et venant dans un milieu plus favorable, après six mois de repos et de meilleure nourriture, Yvonnette eût émerveillé tout le monde…