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Page:César - Au moulin de la mort, 1892.djvu/95

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Maurice, en voyant sortir la jeune fille, avait cru saisir ce qu’elle s’était efforcée de lui dire dans son regard.

— J’ai confiance en vous, lui disait-elle, bien que je vous connaisse à peine. Si vous désirez que je vous suive, parlez, je suis prête.

Et, mentalement, pendant qu’elle s’éloignait, le futur chef de contrebandiers se promettait de veiller sur elle et de lui consacrer sa vie — si elle ne le repoussait pas.

Une autre pensée, comme un éclair, traversa son esprit et y laissa une ombre de tristesse : Pourquoi Yvonnette n’aimait-elle pas ses parents et en vertu de quelle disposition secrète en avait-elle osé faire l’aveu ? Etait-ce sécheresse de cœur ? Non, cela ne se pouvait pas. Ne lui avait-elle pas dit aussi, en sa candeur naïve, qu’elle aimerait à aimer ? Mais, alors ? Maurice ne trouvait pas la clef de l’énigme.


Cependant, la femme de Jean Gaudat, une fois sa fille hors de la chambre, avait commencé à parler :

— Vous y tenez donc, à votre projet de contrebande, faisait-elle, tout en ayant l’air de ne