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Page:César - Le forgeron de Thalheim, 1885.djvu/123

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le forgeron de thalheim

plus empressé auprès de Suzanne. Joseph Teppen en paraissait très satisfait. Le forestier était riche, du moins il le disait ; son père possédait une grande ferme dans la Poméranie. C’était loin, mais enfin la ferme était là. De plus, le tuilier avait pris des renseignements. Bien noté dans les papiers de l’administration, l’employé avait de l’avenir et sa position présente était déjà très acceptable : trois mille cinq cents francs d’appointements. Une fortune pour un ménage de province.

Et, cependant, à tout bien considérer, Joseph Teppen hésitait : il avait une invincible répugnance à donner son enfant bien-aimée à un étranger, car, au fond de lui-même, bien qu’il ne le laissât pas voir, il avait toujours une plaie ouverte dont on guérit difficilement, si difficilement qu’après plus d’un siècle on trouve le Polonais rêvant encore à sa patrie, à sa nationalité. Si le tuilier n’en parlait point, s’il ne faisait pas montre de ses sentiments, c’est, ainsi que nous l’avons dit, qu’il était avant tout homme d’affaires et aimait bien vendre les produits de sa tuilerie à l’administration et aux Alsaciens ses amis.

Lorsque le forestier se rendit compte des prévenances dont il était l’objet, comme un