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Page:César - Le forgeron de Thalheim, 1885.djvu/160

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le forgeron de thalheim

raient d’une belle carnation, dérobée aux pêches mûres ; à présent toujours, ou presque toujours triste, la bouche amère, des langueurs dans les traits du visage, fatiguée sans cesse, le jour, la nuit ; indifférente à la vie, aux paroles de son père ; accomplissant sa tâche machinalement, se levant avec des terreurs et gagnant sa chambre, le soir, la tête emplie de peurs superstitieuses ; craignant l’arrivée du forestier et pleurant s’il ne venait point ; redoutant, par dessus tout, que son père ne finît par découvrir son secret, et, cependant, se promettant bien de tout avouer à l’auteur de ses jours au premier soupçon qui naîtrait sur les lèvres de Jean. Existence digne de compassion, que certains condamnent d’un ton froid, du haut de leur vertu sèche, sans une larme de pitié, sans un élan du cœur ; existence que nous comprenons, dont nous avons vu plusieurs victimes, brisées, anéanties, incapables d’espérer encore, sans plus de courage qu’un enfant à la mamelle !

Le bûcheron en vain se demandait ce qui pouvait bien causer ces troubles fréquents sur le visage de sa fille. Impossible de rien obtenir d’elle ! Georgette se renfermait dans des explications futiles, un malaise, une in-