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Page:César - Le forgeron de Thalheim, 1885.djvu/164

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le forgeron de thalheim

Elle s’efforça de paraître calme et n’y réussit qu’à demi.

Le déjeuner fut silencieux.

— Mais qu’as-tu donc, mon bon père ? lui dit enfin Georgette.

Il éclata :

— Ce que j’ai ? Ce que j’ai ? Georgette, oses-tu bien me le demander ?

Elle eut comme un vague éclair de terreur.

— Je ne te comprends pas ! fit-elle, désespérée.

— Ah ! s’écria le bûcheron. Ma fille ! ma fille ! Pourquoi n’avoir pas eu confiance en moi, en ton père, ton bonhomme de père qui t’aime, qui t’aime plus que je ne saurais dire ? Toi que j’ai élevée, toi que j’ai, vue grandir, belle et forte, à l’ombre de ces bois où nous avons passé notre vie ensemble, est-ce bien toi ?

Et ne pouvant plus maîtriser ni ses larmes, ni sa douleur, cet homme, dont tous les jours avaient été consacrés au travail, pleura, pleura. Les sanglots, un instant, étouffèrent le faible pétillement du foyer et eussent réveillé, si cela n’eût déjà pas été fait, l’âpre repentir de la faute dans l’âme tourmentée de Georgette.

Elle se précipita aux genoux de son père, et,