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Page:César - Le forgeron de Thalheim, 1885.djvu/165

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le forgeron de thalheim

posant sa jolie tête de brune, pâle et attristée, sur la main rude du bûcheron, à son tour elle pleura. Puis, d’une voix déchirante, elle prononça ce seul mot :

— Pardon ! pardon !

Jean ne répondit pas. Un silence lugubre, poignant, planait au-dessus de ces deux personnes affaissées par le malheur commun. Et dehors, comme pour rendre la scène plus déchirante encore, la bise soufflait dans les arbres dépouillés, sur le sol froid. C’était l’hiver, dans la nature et dans leur cœur, l’hiver qui ne céderait peut-être plus jamais, pour eux, la place au gai printemps, aux fleurs et au doux soleil de mai.

— Raconte-moi tout, je veux tout savoir !

Georgette releva la tête.

Une lueur de vie remonta aussitôt à ses joues, à son front et dans ses grands yeux noirs. Elle avait appréhendé une explosion de colère, et elle ne trouvait qu’un indicible pardon. Pas un mot de reproche ! Alors, elle osa de nouveau regarder cette bonne vieille figure brunie par le hâle du temps : elle était triste, infiniment triste, et sillonnée de pleurs.

La confession de la jeune fille fut sincère.