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Page:César - Le forgeron de Thalheim, 1885.djvu/231

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le forgeron de thalheim

bien que c’est moi qui ai tué le forestier ; un seul mot de ses lèvres, et les gendarmes, au lieu de l’emmener, me cherchaient. Mais, rien. Il n’a pas voulu accuser son vieil ami. Ah ! Robert ! Puisse ma criminelle action contribuer à ton bonheur !

Jean Schweizerl s’arrêta un instant ; il semblait être en proie à d’amères réflexions.

Suzanne, malgré la solennité douloureuse du moment, se sentait toute fière d’être aimée du forgeron de Thalheim. C’était bien le noble cœur qu’elle avait deviné. Une rougeur pudique monta à ses joues naguère si pâles ; ses yeux devinrent humides et, à l’extrémité de ses longs cils blonds, perlèrent deux larmes, larmes précieuses évoquées par l’amour le plus pur qui ait jamais fait battre le cœur d’une jeune fille.

— Ce service, reprit Jean, que j’ai osé vous demander, le voici : Demain, je pars pour la ville. Oui, je me livrerai à l’autorité. Mais ma fille se trouvera seule, et j’ai peur pour elle. Ah ! si vous saviez combien la pauvre enfant est à plaindre ! Elle aura besoin des soins les plus dévoués.

N’est-ce pas, madame Teppen, et vous, Suzanne, maintenant que vos yeux n’auront