Page:César - Le forgeron de Thalheim, 1885.djvu/253

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
253
le forgeron de thalheim

Quand Joseph Teppen se rendait au village et qu’il s’attablait à l’auberge pour une bonne heure, avec ses amis, il n’entendait plus que l’éloge du forgeron de Thalheim. On n’en finissait pas ; c’était à qui surpasserait son voisin. En un seul jour, Robert avait conquis toutes les sympathies. On parlait de lui comme d’un héros. Et on le faisait d’autant plus volontiers qu’on savait que Teppen n’écoutait pas avec grand plaisir.

Toutefois on se trompait de route. Le tuilier ne voulait pas céder. Il avait arrêté dans sa tête que Robert n’aurait pas sa fille, ne deviendrait point son gendre ; il ne pouvait pas la lui donner. Il s’opiniâtrait donc, malgré sa femme, malgré Suzanne, malgré tout le village. C’était désespérant. Un homme si intelligent, qui avait fait honneur à ses affaires, gâcher ainsi l’existence de son enfant ! Oh ! si Robert eût été un mauvais sujet, un ambitieux, un coureur de dot. Mais, rien de cela. Un choix de garçon. Et Joseph Teppen s’était si bien flatté que ce soupirant ne reparaîtrait plus à Thalheim. Ah ! bien, le hasard faisait décidément très mal les choses. Voilà le jeune homme plus considéré, plus aimé qu’auparavant, même de Suzanne, à