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Page:César - Le forgeron de Thalheim, 1885.djvu/254

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LE FORGERON DE THALHEIM

coup sûr, car, bien qu’elle ne le publiât pas, on le voyait bien. Eh ! va, il ne l’aura pas, ma foi ! non, murmurait Teppen.

Lui non plus : — et c’est ce qui l’agaçait — ne trouvait aucun défaut sérieux à Robert, hormis un seul, celui d’aimer sa fille. Il ne lui pardonnait pas. Vraiment il fallait avoir une bonne dose de fatuité pour caresser le projet d’épouser quarante mille francs. Tout Alsacien qu’il fût, le tuilier était de cette classe de personnes aux yeux desquelles la première condition d’une union bien assortie, c’est l’argent. Et il aimait son enfant, l’adorait. Rien de plus simple, par conséquent, qu’il cherchât pour elle un mari de son goût à lui — Robert Feller n’étant pas son homme, voilà tout.

Joseph Teppen avait la mémoire courte. Déjà était oublié le noble courage de Robert en présence du cheval épouvanté. Si, par hasard, cet accident lui revenait à l’esprit, il s’empressait d’en chasser l’importun souvenir. Il l’avait dit : on ne donne pas sa fille, parce qu’un gars quelconque vous a sauvé d’un mauvais pas.

Et c’est si lourd, la reconnaissance qu’on ne veut pas avoir !