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le forgeron de thalheim

Néanmoins, comme Suzanne était en âge de se marier, qu’elle commençait vraiment à l’embarrasser, en un mot, qu’il ne serait jamais tranquille aussi longtemps qu’elle n’aurait pas posé sur sa charmante tête de blonde la couronne d’oranger, il se mit de nouveau à la recherche d’un gendre, naturellement sans en souffler le moindre mot à personne. C’était le meilleur moyen, à son avis, de combattre l’amour que sa fille éprouvait pour ce maudit forgeron de Thalheim. Cette fois il s’était proposé d’agir avec beaucoup de prudence. Il ne lui manquait que le sujet.

Durant tout l’hiver, il rumina ce projet en tous sens, explora les villages voisins, de mémoire seulement, mais rien ! Le merle blanc n’existait pas. Il y avait bien tel fils de paysan dont la fortune eût pu lui convenir, à lui, Joseph Teppen ; mais le jeune homme était laid, ou bien il avait un autre défaut, et ce père ne s’avouait pas sans orgueil que pour plaire à Suzanne, il fallait posséder certaines qualités qui n’étaient pas très communes, ou, du moins, ne couraient pas les grands chemins. Toutefois, à la fonte des neiges, quelque six mois plus tard, le tuilier se frotta joyeusement les mains. Comme le savant