Aller au contenu

Page:César - Le forgeron de Thalheim, 1885.djvu/5

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


À mon frère,


Te souviens-tu encore, comme nous aimions à courir, alors que nous étions jeunes, sans mauvaises pensées toutefois, après les nichées d’oisillons, dans les collines ensoleillées de notre lieu natal ? Un jour, tandis que, perché sur un vieux saule, tu admirais, l’œil brillant, la tendre couvée d’un merle à bec d’or, moi, trop faible pour jouir de ce spectacle, j’aperçus au pied de l’arbre un long serpent roulant ses anneaux de feu. N’est-ce pas ? tu entends toujours mes cris de détresse.

Eh bien, mon frère, souvent, dans la vie tourmentée de ce monde, ce souvenir d’une enfance pauvre, mais heureuse, évoque sur mes lèvres un sourire de tristesse. Car j’ai cru observer aussi, dans le cœur de plusieurs de nos compagnons de route, des aspirations chaudes et belles, loyales et fortes ; mais, antithèse perpétuelle, dans un coin presque