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Page:César - Le forgeron de Thalheim, 1885.djvu/83

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le forgeron de thalheim

tête, et la mère, dans une chaude étreinte, le pressa sur son sein en adressant au Ciel un regard d’intraduisible pitié.

— Je crains bien que tu n’aies raison, dit-elle enfin. Joseph Teppen est passablement orgueilleux, malgré son air bonhomme. Pour sa femme, la mère de Suzanne, nous pouvons compter sur elle, si Suzanne t’aime. Mais justement voilà la question.

— Je n’ose espérer, répliqua Robert. Il est vrai qu’elle ne cherche jamais à m’éviter ; mais j’ai observé qu’elle est également très convenable avec tout le monde. C’est donc bien comme je te le disais, mère : mon sort est d’être malheureux.

— Tais-toi, ne prononce pas ce mot. Que ferait ta pauvre mère, si tu étais toujours triste ? Voyons, du courage ! Tu es beau, le plus beau gars de Thalheim. Ton état est bon, il nourrit son maître. On ignore tes qualités ; on ne connaît point l’affection profonde dont tu m’entoures, dont tu es capable. Suzanne n’y sera pas insensible. Elle est intelligente et n’ira pas, pour faire plaisir à son père, sacrifier sa jeunesse et sa vie à quelques pièces d’or — bien entendu si elle t’aime, ce qui reste à savoir.