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Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome III.djvu/104

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vée des femmes ? Ou bien encore sur les vôtres, Montcharmont, Spartacus, les plus libres, les plus rebelles parmi les hommes ? Est-elle dans vos mansardes, dans vos chaumières, dans vos combles, dans vos soupentes, ô prolétaires, mes frères ? !


Non certes. Les puissants en ont fait le joyau de leur luxe, l’instrument de supplice des pauvres. Elle brille entre les mains du prêtre, dans les temples des Pharisiens, des docteurs de la Loi, dans les boudoirs des Hérodias, des reines et des impératrices, derrière le comptoir des banquiers, sur la porte des propriétaires !

Et quand vient la Pâque fleurie, travailleurs, vous allez chercher à l’église voisine des rameaux humides d’eau bénite, et les suspendez au lit de vos enfants qui dorment. Et quand les puissants de la terre vous ordonnent, au nom du Christ, de vous courber sous le fardeau des misères, vous vous soumettez, au nom du Christ, aux puissants de la terre !


Ah ! malheureux aveugles, ne comprendrez-vous jamais que cette croix-là, c’est la croix de l’opprimé, la croix de votre frère, votre croix ? Quand donc l’arracherez-vous aux mains des marchands de ce monde qui en trafiquent impunément ? Quand donc forgerez-vous, sur son modèle aimé, les poignées de vos glaives ? Quand la briserez-vous sur les têtes aux cheveux d’argent ? Quand ?