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Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome III.djvu/262

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Ils sont frais et roses ; ils portent des couronnes d’oranger ; ils chantent :

« … Montez, montez au ciel, petits anges de Dieu[1] ! »


Le cercueil qu’ils suivent est tendu de pourpre, brodé d’or, abrité de feuillage : c’est un lit triomphal !…

Et moi qui vois le jeune ouvrier sans travail, moi qui vois le vieil aveugle tendre la main aux passants, moi qui les ai soignés par milliers, ceux qui souffrent dans les asiles de la misère et du désespoir ; moi qui sais qu’il n’y a de repos que dans le sommeil, je chante avec les petits enfants de Madrid :

« … Montez, montez au ciel, petits anges de Dieu ! »


Moi qui observe le sort du riche et le sort du pauvre

Moi qui sais que la privation et la débauche nous déciment…

Moi qui ai traversé la vie comme un étranger…

Moi qui ai fait le compte des heureux de ce monde !…

434 Je chante avec les petits enfants de Madrid :

« … Montez, montez au ciel, petits anges de Dieu ! »

  1. Angelitos de Dios.