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Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome III.djvu/324

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reculer parce qu’elle représente le Piémont du dix-neuvième siècle, parce que l’appât toujours trompeur d’une riche clientèle tente les mille cupidités rivales de ses avides fabricants ; elle ne saurait avancer parce qu’elle manque de sève et de terrain.

La cause de ce désordre et de tant d’autres ?… Jetez les yeux sur une carte d’Europe ! Voyez comme l’aveugle hasard des batailles, la dent cruelle de l’ambition et le sot amour-propre national ont morcelé, mutilé le continent, faisant des parts sanglantes avec des lambeaux de peuples, comme avec des pièces de venaison ! Demandez-vous à quelles indications naturelles, à quels besoins légitimes répondent les frontières actuelles ! Dites en quoi l’existence du Piémont industriel et constitutionnel est indispensable à l’Europe ! Cherchez à prouver qu’elle ne lui serait pas nuisible dans une ethnographie normale !

Et vous comprendrez que le mal existe, et les États-Sardes aussi, et l’industrie turinaise et ses détestables produits. Tout cela se maintient parce qu’il importe bien certainement au bonheur des hommes qu’il y ait un royaume de Sardaigne, une armée, des fonctionnaires, des douanes et des impôts sardes, des fabriques sardes, une exploitation, un prolétariat, une famine sardes, une mendicité, des scrofules, des prisons, des bagnes, des bourreaux et des potences sardes ! N’êtes-vous pas de cet avis, de l’avis que professent les gens de sens commun et de pur sang, les rois, les sé-