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Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome III.djvu/387

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de la science, l’interroge brusquement, lui répond à peine et parle politique en lui tâtant le pouls. Tout le long du jour, les étudiants, l’aumônier et les sœurs lui tourmentent le corps et l’âme de mille manières. — Son pauvre corps si brisé, sa pauvre âme si triste !

L’ouvrier est couché dans une salle immense, dans des lits que la Mort dépeuple continuellement, que la Maladie repeuple sans cesse. À ses côtés les uns râlent, d’autres jouent aux cartes, d’autres l’espionnent, qui le croirait ? pour la gloire du bon Dieu !

Il sort de ce lit, à peine convalescent, pour retourner à son travail meurtrier, à sa douleur profonde, à sa faim, à sa soif de bonheur ; — ou bien pour être étalé sur la table fatale, la table froide où des hommes froids dissèquent, avec des instruments d’acier, son cœur, son large cœur qui fournissait tant de battements, de travail et d’amour !

Porte ta croix, ô prolétaire ; travaille, travaille ! Donne la riche écume de ton sang pour la mousse amère des boissons frelatées ; donne la fine fleur de ta vie contre la mouture de farine, contre du pain noir ! — L’Enfer est sur la Terre !


Station de l’Hospice ! — Les invalides du travail y sont entassés comme des prisonniers dans les casemates. Il y sont nourris, vêtus, soignés comme des galériens, aérés comme des soldats en caserne, chauffés comme des Cosaques. Les maladies épidé-