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Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome III.djvu/388

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miques les moissonnent ainsi que les vents de novembre balaient la race des insectes ailés !

Ah pauvres les vieillards ! Quand ils sont riches, leurs héritiers les obsèdent à l’envi de soins intéressés. Quand ils sont indigents, c’est à qui s’en débarrassera le plus vite. Leurs familles les livrent à l’assistance publique, celle-ci les renvoie dans les hospices, et l’hospice ne garde pas longtemps le dépôt qu’attend la Mort !

— Que je plains le vieillard en Civilisation ! Lui que nous devrions entourer de nos soins, lui dont la place est si clairement 513 marquée dans l’harmonie des groupes humanitaires, lui dont les conseils aideraient puissamment les hommes, dont les récits instruiraient sans peine les enfants, lui qui dirigerait si patiemment tant d’utiles recherches, qui conserverait tant de choses précieuses en les collectionnant, nous le sacrifions ! Oui, le faible et débile vieillard est devenu la victime de l’intérêt sordide, de la méprisable ruse, des plus lâches trahisons. On en a fait un être maussade, irrité, capricieux, à charge à lui-même et aux autres, haineux, odieux presque, inutile toujours, parce qu’on n’a pas trouvé l’emploi de ses aptitudes. De tous les patriarches d’une génération, l’on vénère ceux-là seulement qui se sont montrés méprisants pour les hommes, et les ont détruits par grandes masses dans les batailles. Les rois, leurs tout-puissants complices, leur font construire de somptueux hôtels, et les peuples les adorent. Quant à ceux qui n’ont fait que du