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Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome III.djvu/66

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Elle maudite par vous, mes maîtres ! Ah ! cette malédiction lui sera bien légère devant l’Humanité ! Mais réprouvée, criminelle, Marina !… Et pourquoi ? Qu’en savez-vous ?… Vous l’avez lu, vous dites, mais avez-vous jamais pensé ! ?

C’est chose grave cependant, c’est péché mortel de condamner en une parole la pauvre fille qui, pendant longs jours et mortelles nuits, se roula, gémissante, dans la serpillière des angoisses. C’est lâcheté, quand on a le dos au feu, le ventre à table, et la main dans la main de sa courtisane, c’est lâcheté de broyer sous la fourrure de ses sandales la femme qui meurt de faim, de froid et de douleur ! Et qui donne avec son sang, dans cette société sans entrailles, une sublime leçon de courage, d’honneur, d’amour et de fidélité !


XV


Il fallait, dites-vous, qu’elle vécût, objet de honte et de persécution. Il fallait qu’elle traînât son repentir au pied des autels, exemple pour tous de terreur salutaire et d’humilité ! Alors les Académies l’eussent couronnée, sa mémoire eût été grande, et très miséricordieux, le Seigneur l’aurait reçue dans le palais de ses béatitudes ! — Et voilà pourtant les beaux discours en échange desquels vous donnez votre vie, prolétaires, ô mes frères !

Et moi je dis : Que chacun sonde sa plaie ! Et