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Page:Cabanis - Rapports du physique et du moral de l’homme, 1805, tome 2.djvu/158

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quefois, peuvent être, pour les hommes qui se destinent à la guerre, un excellent apprentissage, qui les prépare à d’autres fatigues et à des dangers plus grands.

Les peuples chasseurs, indépendamment des difficultés qu’ils éprouvent à se procurer leur subsistance, puisent, dans l’usage habituel des armes, et dans leur état non interrompu de guerre avec les autres animaux, ces penchans cruels, qui se développent ensuite si facilement, dans l’occasion, contre les hommes eux-mêmes[1]. Mais comme

  1. Les peuples chasseurs deviennent facilement anthropophages. Quelques voyageurs prétendent qu’il est peu de sauvages d’Amérique qui n’ayent souvent mangé de la chair humaine. Au reste, l’essai de cette espèce d’aliment paroît dénaturer tous les penchans primitifs. L’anthropophage inspire, dans les pays peu fertiles en gibier, une terreur générale. On voit dans le Voyage de Héarne, que les habitans des bords de la baie d’Hudson, et, en général, tous ceux de la partie polaire de l’Amérique, se défient de l’homme qui a goûté une fois de la chair humaine, comme d’une bête féroce. Il suffit qu’un sauvage ait la réputation d’avoir été poussé par la faim, à cette fatale extrémité ; il devient bientôt l’objet d’une espèce de poursuite générale : et il ne peut manquer de périr misérablement.